Une nouvelle plateforme nanoparticulaire vise la maladie d’Alzheimer et les cancers

Les chercheurs de l’Université Paris-Sud sont en train de développer des nanoparticules biodégradables capables de cibler des cellules cancéreuses ou un biomarqueur de la maladie d’Alzheimer, simplement en changeant, tel un légo, le ligand greffé à leur surface. Ces nanotransporteurs, ainsi équipés de ces « têtes chercheuses », peuvent donc partir à la recherche de leurs cibles.
En biologie, un ligand est une molécule qui se lie de manière spécifique et réversible sur une structure hôte, appelée récepteur, qui a, en général, un rôle fonctionnel bien précis.

Les ligands attachés à ces nanotransporteurs peuvent être changés à façon. Il en résulte donc un système très flexible et potentiellement adaptable à de nombreuses pathologies suivant le choix du ligand. Ces nanoparticules peuvent encapsuler des principes actifs qui ont pour but de détruire les cellules liées à la pathologie, une fois le nanotransporteur arrivé sur le site d’action.

« Nos nanoparticules rassemblent tous les critères requis dans le domaine du ciblage et de la délivrance de principes actifs, » nous explique Julien Nicolas, chercheur CNRS au sein de l’équipe du Pr. Patrick Couvreur. « En effet, elles ont un cœur polymérique biodégradable et biocompatible, ainsi qu’une surface leur permettant d’avoir un temps de circulation prolongé dans le sang. Elles peuvent également être étiquetées avec des molécules fluorescentes pour que l’on puisse les suivre lors des expériences de ciblage. Et enfin, elles sont 'décorées' de ligands biologiquement actifs pour effectuer ce ciblage.»

C’est en effet la première fois qu’un système nanoparticulaire à base de polymère biodégradable est développé pour cibler la maladie d’Alzheimer via un mécanisme de reconnaissance avec l’un de ses biomarqueurs – le peptide beta-amyloïde, impliqué dans la formation des plaques « séniles ».

« Notre technologie pourrait être très intéressante vis-à-vis de cette maladie car nos nanoparticules fonctionnalisées sont capables d’interagir fortement avec le peptide beta-amyloïde et de le capter, » ajoute Julien Nicolas. « Elles pourraient en quelque sorte ‘nettoyer le sang’ de ces peptides et ainsi limiter la formation des plaques séniles au niveau du cerveau, voire la diminuer. »

L’équipe fait partie du projet européen NAD (Nanoparticles for Therapy and Diagnosis of Alzheimer’s Disease) qui réunit des laboratoires de 13 nationalités différentes et des compétences pluridisciplinaires.

Journal référence :
ACS Nano DOI: 10.1021/nn3004372 :
Versatile and Efficient Targeting Using a Single Nanoparticulate Platform: Application to Cancer and Alzheimer’s Disease

Contact : julien.nicolas@u-psud.fr
Mots clé : Technologies de la santé | Alzheimer

2012-07-06, Dumé Bel, Technoscope